LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY (2008)

Ainsi, tu crois qu'il n'y a que Dieu qui voit les âmes, Basil ?
Écarte le rideau, et tu verras la mienne !
LE SPECTACLE
Adapté du roman éponyme d'Oscar Wilde, ce spectacle de théâtre musical a été créé le 5 septembre 2008 au Théâtre Barnabé de Servion, en présence de Merlin Holland, le petit fils de l'auteur irlandais, ainsi que de représentants de l'Ambassade d'Irlande à Berne.
De nombreuses manifestations associées entouraient également le projet (cf. ci-dessous).
Pour son adaptation, Bernard Novet s'est inspiré d'une version allemande inachevée prévue pour être jouée en 1939 à Münich, d'où - aussi - le visuel trouble de l'affiche.
Avec
Denis Frenkel (Dorian Gray)
Isabelle Caillat (Sibyl Vane)
Vincent Held (Basil Halward)
François Aymeric (Lord Henry Wotton)
Christine Mantke Goumaz (la danseuse)
Jean-Claude Bossel (mendiant, pianiste et violoniste)
et
Tous les comédiens de la Compagnie Des Deux Masques.
Adaptation et mise en scène : Bernard Novet
Décors : Béatrice Lipp
Costumes : Caroline Zanetti.
À l'orgue de cinéma : François Margot.
Musique Jean-Claude Bossel
Interprétation :
- Denis Frenkel (Dorian Gray et piano)
- Jean-Claude Bossel (violon, piano)
- François Margot (orgue de cinéma)
Visuel de l'affiche : Christophe Philippe (http://www.freewarfilms.org/)
Spectacle produit par la Compagnie Des Deux Masques avec le soutien de :
Fondation Marcel Regamey
Loterie Romande
Centre Patronal
Commune de Cheseaux-sur-Lausanne
RougeFM.
LE PROGRAMME DU SPECTACLE
Téléchargez ici le programme complet du spectacle, et découvrez les sources, les origines historiques, et tous les détails de cette production originale.
Un portrait adapté...
DEUX ADAPTATIONS (2008 &1938)
Le spectacle créé chez Barnabé en 2008 est une nouvelle adaptation dramatique du chef d'oeuvre d'Oscar Wilde, signée Bernard Novet.
Travaillé d’après l’original anglais ainsi qu’au regard de plusieurs traductions existantes, le texte se base également sur d'anciennes notes préparatoires - notamment musicales et scénographiques - d’une adaptation allemande inachevée datant de 1938 (*).
Le corps du drame repose sur une réduction du texte. Il conserve sa structure originale ainsi que nombre de tournures et citations directes du roman, comptant parmi les aphorismes les plus fameux de Wilde.
Au final, il s'agit donc tout autant d'une adaptation que d'un hommage - réel et assumé - au texte original et à son génie propre.
Au niveau esthétique, le spectacle s'inspire également du "Portrait de Dorian Gray" d'Albert Lewin (1945), de loin la meilleure adaptation de l'œuvre de Wilde sur le grand écran. Cette inspiration ne doit rien au hasard, puisque Lewin était au courant du projet allemand de 1938, notamment suite à sa rencontre avec la pianiste allemande Lela Simone qui connaissait les protagonistes de ce projet. Parmi ceux-ci, il faut mentionner Franz Gurtner, le fameux chef d'orchestre münichois, qui n'est autre que l'auteur des notes musicales autour du "Bildniss des Dorian Gray". Gurtner et Lewin se sont d'ailleurs rencontrés en 1937 à New York, sans doute à l'initiative de cette même Lela Simone qui fut donc l'amie des deux artistes (voir plus loin).
(*) De Profundis.
Documents de travail, esquisses et partitions. Une étude à paraître autour du projet "Das Bildniss des Dorian Gray", création inachevée prévue, à l’origine, pour être jouée à Münich - probablement en 1938 ou 1939, avec une musique de Franz Gurtner (1895-1944).
LA MUSIQUE DE GURTNER
la musique du spectacle s'inspire de plusieurs sources, parmi lesquelles il faut mentionner les notes du compositeur allemand Franz Gurtner, auteur notamment d'un fameux "Jugement de Pâris" en 1942 (voir page spéciale "Pâris 2005")
Gurtner avait été approché discrètement - vu sa popularité, paradoxalement, dans les cercles du pouvoir - pour participer à un projet d'adaptation du "Portrait" à Münich en 1938. Imaginé dans les milieux du cabaret par des artistes opposés au régime du Reich, ce spectacle n'a probablement jamais été joué.
Extraits de la version 2008.
Ouverture : François Margot (orgue de cinéma), Denis Frenkel (Dorian Gray au piano)
Déchirure : Isabelle Caillat (Sybil Vane), Jean-Claude Bossel (violon)
Final : Denis Frenkel (Dorian Gray au piano), François Aymeric (Henry Wotton) et François Margot (orgue de cinéma)
À propos de la musique
Les archives Gurtner
(par Jean-Claude Bossel)
(...) Nous avons également pu nous inspirer, pour définir le concept musical global de la
musique de scène du "Portrait", d’esquisses musicales du chef d’orchestre et compositeur allemand Franz Gurtner (1895-1944) datant des années 1933 à 1938.
(NDLR : Franz Gurtner fut présenté à Albert Lewin, réalisateur de la version cinématographique du "Portrait" (1945) à New York en 1937, probablement par l’intermédiaire de la pianiste de la MGM Lela Simone, que Gurtner connaissait avant son départ d’Allemagne en 1933, où elle avait été une jeune prodige. C’est elle qui, dans le film de Lewin, interprète le fameux Prélude pour piano n°24 de Chopin. Lors de cette rencontre, Gurtner et Lewin eurent sans doute l’occasion d’évoquer les travaux musicaux, notamment pour orgue de cinéma, de Gurtner autour d’une version scénique du roman "Das Bildniss des Dorian Gray". Il n’est pas exclu - au vu de son film - que Lewin lui-même tira quelque inspiration de ce moment de partage et de discussion autour du texte de Wilde. La guerre, puis la mort tragique de Gurtner en 1944, a-t-elle empêché la réalisation de quelque projet commun ?)
Le motif B-A-C-H
S'il n'est pas possible de donner ici une analyse détaillée de ces sources (une publication est actuellement en cours de rédaction.), on y retrouve évidemment, ce qui est l'une des signatures facilement reconnaissable de l’oeuvre de Gurtner, la présence du célèbre motif musical B-A-C-H.
Ce motif est formé des quatre notes B = si bémol, A = la, C = do et H = si bécarre.
Il doit sa célébrité au fait qu’il condense en une formule les initiales de Jean-Sébastien BACH, et qu’une légende, aujourd’hui démentie, voudrait que ce soit en écrivant ces quatre notes à la fin
“inachevée” de son Art de la Fugue, que Bach serait subitement mort.