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PASSAGES  (2003)

"C'est là la force de ce documentaire : ne pas se contenter des partitions livrées clés en main, mais remonter aux sources de l'inspiration."

 

Thierry Jobin, « Le Temps »

"Passages" (2003)
Un film musical et poétique produit et réalisé par Bernard Novet

En mai 2001, un concert exceptionnel s'achève à la Cathédrale de Lausanne. Dans une explosion de cris de joie, 200 jeunes choristes mêlent leur ferveur au tonnerre d'applaudissements des plus de mille spectateurs envoutés par le "Requiem" de Mozart et la création des très étonnants "Chants de l'au-delà" du compositeur suisse Jean-Claude Bossel.

Dès ses premières images, "Passages" tisse sa poésie au fil des musiques, au contrepoint des mots des protagonistes, le spectateur accompagnant les choristes et leur Directeur Olivier Piguet aux sources de la création musicale.

Avec, en sous-texte, un étonnant portrait de créateurs certes différents, mais qui se rejoignent dans ce souffle étrange et puissant qui fait naître les œuvres des hommes.

Dans la presse
Reflets de l'oeuvre dans la presse romande.

 

"C'est là la force de ce documentaire: ne pas se contenter des partitions livrées clés en main, mais remonter aux sources de l'inspiration. Novet, avec ses petits moyens, y parvient."

Thierry Jobin, « Le Temps »


"Devant la caméra de Novet, Bossel (photo ci-dessous) révèle une humanité sans fard. Invité d’honneur, le spectateur voit la musique jaillir de son esprit, faire trembler la terre, secouer les nuages."

Jean-Philippe Bernard, « 24 heures »
 


"On retrouve dans PASSAGES tout l’enthousiasme et toute l’émotion des gymnasiens qui ont participé à cette expérience, à ce “passage” qui prend parfois la forme d’une confrontation de deux univers musicaux."

Antoine Rochat, « Ciné-Feuilles »


"C’est toujours un défi de vouloir parler d’un film à la radio. Mais c’est un défi que je relève volontiers, parce que j’ai eu la chance de voir ce film et que j’ai été tout à fait conquis !"

Jean-Pierre Amann, Radio Suisse Romande.


"Un film émouvant. (…) Des jeunes qui expriment leurs sentiments, l’évolution de leur perception d’une musique inconnue, l’ouverture vers le spirituel que peut provoquer la musique."

Thierry Dagon, « Chorus »

Exploitation - distribution
Version cinéma (85 minutes)

Version cinéma (85 minutes).

DIGITAL SD 4:3 (letterbox) ou 16:9 stéréo.

DVD (pressage commercial)

16:9 SD stéréo.

Version télévision (52 minutes).

DIGITAL SD, 4:3 (letterbox) ou 16:9 stéréo.

Bande originale

(CDA-production)
CD audio avec livret de présentation

 

Merci de nous contacter pour toute commande.

Interview

 

LC : Critique de cinéma, metteur en scène de théâtre, vous travaillez aussi pour la télévision, qu’est-ce qui vous a attiré particulièrement dans ce projet de film, dans ce documentaire musical ?

Bernard Novet (BN) : A l’origine du film, il y avait un projet de concert : deux cents étudiants qui allaient se mettre à travailler le «Requiem» de Mozart, ce best-seller tragique de la musique universelle. C’est ce contraste étonnant qui m’a immédiatement séduit, à savoir qu’un chœur de jeunes gens en plein passage vers l’âge adulte - et que je voyais à cent lieues de mes propres préoccupations sur la mort et l’au-delà - allaient chanter cette partition unique, ce monument interrompu par la mort de son auteur, cet espèce de testament musical inachevé venu d’un autre temps.... A l’époque de «Star Academy» et de la musique électronique, il y avait là quelque chose d’attirant. Forcément.

LC : Pourquoi avoir intégré au film les «Chants de l’au-delà» de Jean-Claude Bossel ?

BN :

- L’idée en revient au responsable du Chœur des Gymnases Lausannois, Olivier Piguet. Il trouvait intéressant (en termes pédagogique surtout) de coupler cette musique très connue et balisée avec une création contemporaine, autour du même thème, mais dans un contexte musical différent. Cette idée s’est révélée passionnante, vu que le contraste entre ces deux œuvres était vraiment important. Il m’a permis d’utiliser le travail sur les deux partitions en contrepoint total. Il y avait au départ une forte réticence parmi les étudiants envers la partition de Bossel. Evidemment, presque tous les chanteurs étaient venus pour le «Requiem», pas pour cette musique moderne et parfois dissonante qui les déroutait totalement. Ce qui est intéressant, c’est que le phénomène se répète à la vision du film. Je veux dire que les spectateurs suivent exactement le même parcours que les étudiants. D’abord on vient pour le «Requiem», puis on se casse le nez sur quelque chose de bizarre qu’on ne comprend pas, qu’on ne partage pas, ou qu’on n’aime pas, pour beaucoup, ou du moins qui dérange. Et peu à peu, dans la rencontre avec ce personnage hors-normes qu’est Bossel, on accepte de partager un bout de chemin – même si certains gardent leurs distances. Evidemment, ces tensions et ces distances étaient très intéressantes à exploiter.

LC : C’est par moments difficile de savoir au juste quel est le vrai sujet du film : est-ce que c’est le chœur des gymnases ? La musique ? La métaphysique ? L’au-delà ? Le rêve ?…

BN :

- C’est une question piège – beaucoup de gens se la sont posée. On m’a dit : «il n’y a pas assez de temps pour simplement écouter la musique» – notamment celle de Bossel. Ou bien : «j’aime bien Bossel, mais il prend quand même trop de place.» Ou encore : «il n’y a pas assez de séquence en direct, de tranches de vie. On aimerait mieux connaître qui sont ces étudiants et ce qu’ils font, pourquoi ils sont là.» Je comprends bien sûr ces critiques – et probablement qu’elles sont pertinentes, même si en réalité on entend plus d’une fois l’entier de la composition de Bossel dans le film !… Simplement, ce documentaire-là n’était pas celui que je voulais faire. Je n’avais pas l’envie – ni les moyens d’ailleurs – de proposer une captation d’un concert, ou un film de type plus social sur les jeunes d’aujourd’hui. Mon but était de m’immerger dans ces compositions, découvrir ce qu’elles sont vraiment, partager les émotions qu’elles m’offraient, effleurer les circonstances de leur naissance, parler des choses dont elles parlent, et découvrir un peu les hommes qui se cachent derrière ces partitions. Au-delà de leurs différences, ils deviennent alors très proches de nous – paradoxalement. Dans leurs doutes, leurs peurs, leurs questionnements, dans la crainte du jugement de la société, dans l’espoir de pouvoir se réaliser… Quand l’historien – au début film – dit de Mozart qu’«il n’était pas dans le moule social», cette évidence peut très bien s’appliquer au personnage Bossel, comme il peut aussi s’appliquer parfois à nous-mêmes ! Il y a beaucoup de ces références croisées dans le film, même si souvent on ne les perçoit pas à la première vision.

LC : Et les gymnasiens ?

BN :

- Ils sont devenus mes guides. Je pensais qu’ils allaient être le sujet de mon film, mais ils en sont devenus le moteur. On les regarde dans leur jeunesse, on les suit, et c’est eux qui nous entraînent dans l’aventure. Au-travers d’eux, on partage l’expérience intime de la découverte de ces compositions. Pas l’expérience sociale dans l’interaction avec leurs camarades, mais bien l’expérience profonde et personnelle. L’attirance quasi mystique envers le «Requiem» - qui n’a pas eu la gorge nouée en entendant le «Lacrymosa» ? La répulsion quasi physique avec les dissonances du Bossel, puis une certaine fascination intellectuelle, puis parfois une espèce de communion avec l’émotion brute, par exemple dans les passage où il faut souffler, puis crier, puis se taire et écouter les djembés ou la voix de la Basse qui évoque un rêve du compositeur.

Et je crois que là, le film fonctionne au-delà de mes espérances. A un moment, une étudiante dit : «à chaque fois qu’il (NDLR : le chef d’orchestre) nous demande de poser le Mozart pour prendre le Bossel, il y en a plein qui disent – Ah ! Non…» Cette réaction là, c’est exactement celle que j’ai entendue le plus souvent : on aime beaucoup Mozart, puis soudain, le film revient sur Bossel, et on se dit : «Ah non !…» Les spectateurs marchent dans les pas des étudiants ! Face à la musique, on est tous des étudiants. C’est pour ça que je les ai interviewés dans une ambiance de verdure, de printemps. Ils sont jeunes, encore en croissance et en devenir… Mais que ce soit par rapport à la complexité mozartienne ou à la fascination envers ce compositeur inconnu qui vient déranger quelques certitudes et qui se dévoile, on est tous en apprentissage.

LC : C’est aussi prendre le risque que certains spectateurs n’entrent pas dans le jeu, comme pour les étudiants !

BN :

- Absolument. Mais quelque soit l’approche, c’est souvent le défi de la musique contemporaine, de l’Art contemporain en général. Ce qu’il y avait d’intéressant avec Bossel, c’est qu’il nous ouvre une bonne part de lui-même, de ce qui est sorti de lui pour finir couché sur la partition. On peut ainsi découvrir quelques clés, offertes de façon assez ouvertes, compréhensibles. Ce n’est pas une pièce hermétique, même si elle contient évidemment bien des références cachées.

LC : Le film, qui démarre et se conclut sur des images «truquées» très émotionnelles, avance tout le temps en saut de puces, passant sans cesse d’un sujet à l’autre…

BN :

- Je me suis inspiré de ma propre expérience, de celle des étudiants, vu qu’on passait tout le temps d’une partition à l’autre. Je ne voulais évidemment pas comparer les œuvres, mais le fait est que la découverte de l’une enrichissait celle de l’autre ! C’est une évidence. Je me souviens de la fameuse réplique (qui est, je crois, historique) de l’Empereur dans «Amadeus» lorsqu’il entend Mozart pour la première fois : «C’est bien, mais il y a… trop de notes !» Je me suis posé alors la question de savoir si les Viennois de l’époque avaient accueilli la musique de Mozart comme – disons – le public suisse a accueilli les variations contemporaines du «Ranz des vaches» lors de la dernière Fête des Vignerons ! Et avec les «Chants de l’au-delà», j’en avais un autre exemple en direct ! Bien sûr, le cas Mozart est un peu différent, car il a bel et bien eu un large succès populaire, par périodes. Mais les thèmes qu’il abordait dans sa musique, notamment dans ses opéras, et sa vie personnelle n’étaient pas forcément bien perçus dans les milieux qui comptaient alors…

Mais surtout, j’ai cherché la confrontation, le contraste, pour faire surgir l’intérêt, la découverte. Je me suis dit qu’en intercalant des passages de Mozart avec des passages de Bossel, j’évitais au film de basculer vers un «simple» concert. Il y a d’autres lieux pour se plonger dans les bras du «Requiem»… Je ne voulais pas non plus que les gens se laissent aller à des certitudes de bazar sur cette partition si particulière. On a tout dit sur les circonstances de la mort de Mozart. Dans le public, c’est toujours une vision très contestable mais politiquement correcte qui fait office de réalité historique. Mozart, le franc-maçon, revenu à de meilleurs sentiments envers l’Église, et qui termine sa vie dans un ultime élan religieux. Là, au travers du point de vue de Bossel puis de l’historien François Deléglise, mais aussi en m’appuyant sur quelques extraits de correspondance d’époque, je cherche tout simplement à faire douter les gens. A transmettre cette idée que peut-être tout n’est pas si simple, si propre, et que souvent l’on rejette d’abord ce que l’on va aduler ensuite. Personne ne s’est vraiment démené pour aider ce petit bonhomme de Salzbourg. Il était trop dérangeant. Et finalement bien loin de l’image d’Épinal de l’enfant prodige, puis de l’adulte mal dégrossi qu’on lui colle un peu partout. Il y a de la récupération là-dessous…

LC : A plusieurs reprises, le film fait appel à des images de nature, de paysages, pour accompagner son propos. Qu’est-ce que vous avez voulu dire par là ?

BN :

- J’ai beaucoup utilisé la nature, autant pour des raisons symboliques, métaphoriques, que purement visuelles. La musique est un tissu d’émotions, de technique, de dissimulations, de grammaire, de langage. J’ai voulu utiliser le mêmes tissage, mais avec mes outils : les images et les sons. La musique ne fonctionne que si elle fait vibrer des cordes qui sont déjà là, prêtes à recevoir. En écoutant Mozart, on est tous un peu musicien, vu que ce sont nos propres émotions qui vibrent – non celles de Mozart seulement ! De même, les images font appel à des émotions qui nous sont propres, même si certaines sont plus codifiées que d’autres, plus balisées, plus reconnaissables. Ainsi lorsque l’on découvre Bossel, il est sur un pont, en train de jeter du pain aux mouettes. L’image était belle, et c’est un lieu que Bossel fréquente souvent lorsqu’il compose. Mais il y a évidemment un langage derrière ces images. Il y a le créateur qui s’approche des muses, qui vient nourrir les oiseaux, mais aussi se nourrir de leur vol. La colombe, c’est le messager, non ? Un lien entre l’ici et l’au-delà… Il y a le courant, qui peut aussi signifier la vie qui passe. Avec un Bossel qui finit par s’éloigner de nous, loin du rivage qui nous est proche et familier, vers sa musique et son monde à lui, qui s’annonce comme différent. Pendant le montage, je pensais à la fameuse séquence du pont dans le «Nosferatu» de Murnau. Au début du film, Jonathan Harker arrive en calèche près d’un pont, à la frontière de la Transylvanie, le pays du vampire. Et il y a un carton qui apparaît à ce moment où l’on peut lire : «Quand il eût franchi le pont, les fantômes apparurent». Je trouvai que ça collait bien.
Plus loin, lorsque Bossel évoque ses expériences de sortie de corps (NDLR : les fameuses OBE), on est à nouveau en bordure de forêt. Mais ce n’est pas une verdure naissante comme celle qu’il y a derrière les étudiants, c’est une forêt enchevêtrée, dense, mystérieuse. Sa musique, si pénétrante et si étrange aussi, s’en échappe... La forêt est aussi un symbole universel de l’inconscient. Surtout lorsque le fantôme de Jung s’y promène à cheval (Rires)…
Au moment de la mort de Mozart, dans mon film, on se retrouve encore face à une succession d’images, de natures mortes, certes, mais de nature à l’aube. En bourgeon, en eau ruisselante. Il y a l’émotion de la musique, celle du silence, celle des images. Et puis les significations symboliques. L’Aube, l’arbre, la montagne, la source…

LC : Vous parlez donc de la mort de Mozart dans votre film ?!… Pourtant, vous n’en dites rien…

BN :

- En fait, j’ai structuré le film selon ses 3 axes naturels qui se déroulent en parallèle et pointent vers le concert : Bossel dans son inspiration; puis en composant, au travail; puis en répétant; à la recherche de sources; partageant ses rêves musicaux avec Didier Mouron; puis finalement au concert. Idem pour les gymnasiens que l’on suit depuis les premières ébauches, en passant par des répétions plus abouties, jusqu’au au concert. Il fallait donc bien que je suive aussi Mozart… Je me suis dit que le «Mozart» de mon film devait forcément naître avec l’envie des gens de venir entendre son «Requiem». Mais le film le surprend déjà en train de faire face à des difficultés insurmontables. Problèmes d’argent, de reconnaissance; puis la maladie, les médecins. Puis l’hypothèse – faite par Bossel : Mozart, on l’a laissé crever. Puis sa mort, via le Amen de fin du «Lacrymosa» (Dans le film de Forman, cette musique accompagne la mise en terre de Mozart dans la fosse commune). Et enfin ses funérailles au-travers d’un petit texte mentionnant les circonstances de son enterrement.

 

Jusqu’au concert, où tout peut renaître, à chaque fois, au moment ou les musiciens vont s’élancer… Ensuite, à chacun de le faire revivre ! …

 

Comme disait Mozart, «L’essentiel est entre les notes…»

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